J’ai été surpris lors d’un atelier collaboratif portant sur l’ouverture et les échanges de données au sein des collectivités et du gouvernement. Cette intervention opposait l’open data et le big data associé aux GAFA (Google, Apple, Facebook, Amazon).
Surpris, voire choqué, même si on peut en effet les associer au big data dans leur capacité à recenser de grandes masses d’informations (qui transitent par leurs systèmes) et à les analyser !
Le big data représente des concepts et technologies qui ne leur sont pas réservés, que nous savons maîtriser et, qui représentent justement de belles perspectives pour nos entreprises et nos gouvernements, j’y reviendrai plus loin. En tout cas je ne vois pas l’opposition avec l’open data bien au contraire ! La mise à disposition de données peut permettre à d’autres entreprises, organisations de disposer d’informations dont eux disposent (les GAFA) et nous non. Il ne faut pas perdre de vue qu’un des objectifs de l’open data est de créer de la valeur, avec le développement potentiel de nouveaux services, usages s’appuyant sur ces données. Dans un contexte d’organisme public, on peut étendre la réflexion aux nécessités d’échanges entre organismes (gouvernements, collectivités) au bénéfice de l’action publique.
Prenons un exemple “un peu tiré pas les cheveux”, mais c’est pour illustrer avec une collectivité qui souhaite aménager un parking relais. Les flux sur les axes concernés sont importants pour cette analyse, la ville va donc commanditer un cabinet pour une étude, qui va lui livrer (moyennant un prix significatif) une étude qu’il aura dû établir sur la base de statistiques, comptages, sondages…. Demain (aujourd’hui), ce cabinet réalisera son étude avec les données vendues par Google qui aura lui-même tiré ces statistiques des trajets des utilisateurs de Waze sur les axes concernés (ou alors Google vendra directement l’étude à la collectivité). Pourtant, les données concernant le lieu d’habitation des personnes, leurs destinations, leurs lieux de travail, leurs moyens de locomotion sont disponibles au sein du système d’information du gouvernement (DADS, impôt sur le revenu) qui pourrait proposer ces mêmes services.
Et si ces données étaient ouvertes (dans un état anonymisé bien sûr), d’autres pourraient imaginer des services, capitaliser sur celles-ci et créer de nouveaux usages. Tout cela pour illustrer que l’open data est bien un facteur permettant de donner à de nombreux acteurs les moyens d’utiliser des données réservées aujourd’hui à quelques uns.
Dans ce même atelier, un DSI de collectivité citait par exemple, la nécessité de disposer des données des concessionnaires d’énergie pour faire un bilan sur son territoire. On aborde là un autre aspect essentiel lié à l’accès à la donnée par la personne publique (même si ces données ne sont pas ensuite “ouvertes” à d’autres publics) et surtout, à la gouvernance de la donnée. Ce dernier point doit être rapidement débattu avant que nous ne nous lancions dans l’ère de l’objet connecté et du smart everything (nous y sommes déjà en fait !!).
Certaines collectivités pensent à mettre en place une régie des données et intègre des clauses relatives à cette régie dans leurs appels d’offre pour les données de leur territoire.
Pour revenir au big data, il repose sur l’analyse de gros volumes de données, une analyse aujourd’hui possible rapidement par l’avènement des technologies de requêtage et de stockage.
Mais disposer de la donnée est bien, encore faut il en tirer les bons enseignements et il faut pour cela disposer des bons data scientists capables de la corréler, de trouver les algorithmes nécessaires. Une fois ces éléments réunis, le “big data” recèle un potentiel immense : la capacité à être prédictif. C’est bien ce qui peut faire peur (on parle largement de son utilisation par les assureurs…) mais soyons positifs et ambitieux, qui ne rêve pas d’une action politique plus éclairée…
On voit bien ici l’importance pour notre pays d’investir (il y a encore peu de projet en France) sur le big data, nous disposons de bonnes ressources et si on ne fait pas, d’autres le feront pour nous.
Et pendant qu’on délire un peu, pourquoi ne pas penser d’ailleurs à remplacer les politiques par l’intelligence artificielle… ce qui revient à mettre le monde dans les mains des data scientists… des développeurs… 🙂
Le big data n’est pas le seul dans le viseur de mon propos, car couplé avec les objets connectés, l’intelligence artificielle et les blockchains c’est tout le pan des civics techs qui doit être investi pour réussir au mieux l’intégration du numérique dans notre société, pas en tant qu’outil (les 20 dernières années) mais en tant que nouveau paradigme (les 20 prochaines années ?).
La synthèse de la réunion sur les problématiques a fini par une synthèse “politique” positionnant les problématiques sur les questions d’infrastructure (la fracture numérique) et de pédagogie : former, informer le citoyen.
Même si ces deux aspects sont importants, ils n’empêchent pourtant pas les GAFA tant décriés de se développer en France : il faut donc être prudent en concentrant les actions sur ces points (au détriment des usages), ce qui reviendrait à leur donner les moyens d’étendre encore leur emprise, si on offre pas en même temps une offre de services pertinente !
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